Moi, je grimpe dans le noir

Ou Vaincre le syndrome du monstre sous le lit.

Ce billet est une traduction/adaptation d’un article de Chris Weidner publié sur Dailycamera, Overcoming the boogeyman syndrome.

Chris Weidner

Vous vous souvenez de ces hésitations à regarder sous le lit, de ces frissons en ouvrant chaque porte de la maison, lorsque, enfant, vous étiez seul la nuit ? Cette sensation de vulnérabilité qui fait que l’on a peur du noir. En devenant adulte, on réalise le côté irrationnel de cette peur, et la plupart d’entre nous finit par la vaincre.

Étonnamment, beaucoup de grimpeurs redeviennent des enfants en montagne : ils ont peur du noir… Et pourtant, il n’y a jamais eu de monstre sous le lit de votre enfance, et il n’y a aucune raison d’avoir peur de grimper de nuit. En fait, savoir grimper de nuit est même une faculté que les grimpeurs de tout niveau devraient développer.

On ne se lève pas à 1h du matin pour rien…

Pourquoi ? Si vous êtes débutant, sachez que presque tous les grimpeurs se sont déjà fait surprendre une fois par la nuit en falaise. Le plus souvent en grande voie ou en montagne, mais celà peut arriver à peu près partout. Être à l’aise pour grimper de nuit n’a pas de prix, ne serait-ce que pour les imprévus et les situations de détresse.

Deuxièmement, on ne se lève pas à 1h du matin en refuge pour rien. La sécurité en alpinisme repose sur les températures en-dessous de 0° qu’offre la nuit. Quand la neige dure et la glace se transforme en soupe rôtie par le soleil, les alpinistes se transforment en cible de tir sportif pour le terrain au-dessus d’eux. Une fois que le soleil lèche la montagne, les pierres et les blocs figés par le gel commencent à pleuvoir comme les bombes. Pour leur survie, les alpinistes font souvent l’ascension à la lueur de leur frontale, et commencent à descendre lorsque le soleil se lève.

On s’équipe pour une escalade nocturne
Photo Flickr de Bmaas

Enfin, certaines voies sont trop longues pour espérer en venir à bout dans le temps imparti par la lumière du jour… Attaquer une ascension avec l’assurance que l’on pourra finir de nuit tout en restant sécurit’ vous libèrera du mode de pensée « lumière du jour », mode de pensée évidemment répandu mais assez aliénant.

Bien grimper dans le noir vous autorisera à tomber des voies longues en un seul jour, alors que des grimpeurs non aguerris à l’escalade de nuit pourraient mettre deux jours, voire plus.

Quelques heures d’escalade nocturne tranquille peuvent vous épargner la tâche éprouvante du hissage des sacs de bivouac, pleins de provisions « au cas où ».

Est-ce sécurit’ ?

Clairement, grimper dans le noir a ses bénéfices, mais est-ce sécurit’ ? Oui. Je veux dire, c’est aussi sécurit’ que l’escalade de jour, mais comme toute compétence, cela demande de la pratique.

En grimpant de nuit, votre univers se transforme en un doux cocon de lumière qui enveloppe votre corps, où que vous regardiez. Cela peut rendre les grandes voies moins terrifiantes parce qu’il n’y a plus de perspective; vous ne pouvez pas dire si vous êtes à 40m ou à 400 mètres du sol. Le principal problème de sécurité que cela peut poser est que le grimpeur et son assureur se perdent de vue. C’est sans importance : combien de fois avez vous déjà assuré votre leader de jour sans le voir ? Vous devez simplement vous assurer que le mode de communication utilisé avec votre compagnon de cordée ne souffre d’aucune incompréhension – comme toujours.

Entrainement de nuit en salle
Photo Flickr de FngKestrel

Avant de vous lancer dans un big-wall en 6 avec un petit sac de rando à la journée, envisagez peut-être de vous entraîner de nuit dans une falaise que vous connaissez bien, avec un compagnon de cordée habituel, pour mettre au point votre dispositif de « night climbing ».

Le seul équipement supplémentaire qu’il vous faudra emporter pour une sympathique escalade de nuit est une lampe frontale et des piles. Des marques comme Petzl et Black Diamond font des lampes dédiées à cet usage et des casques sur lesquels on peut les monter.

Donc la prochaine fois que vous serez en train de grimper alors que le soleil plonge tout doucement derrière l’horizon, affrontez vos peurs ! Admirez le coucher de soleil, sortez votre lampe frontale et attelez vous donc à ces quelques longueurs qu’il vous reste – dans le noir.

Article original de Chris Weidner, traduction/adaptation de Boris Stephan, avec l’aimable autorisation de Dailycamera.

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