(Note : si vous venez ici pour suivre le voyage de Bob et Maribambel, vous pouvez sauter ce billet, c’est un intermède Grenoblois)
Marc Baïetto est maire de la commune d’Eybens, chargé des dossiers Transports à la Métro, des dossiers Déplacements au conseil général, et président du Syndicat Mixte des Transports en Commun de l’agglomération grenobloise. Je ne connaissais pas ce monsieur, pourtant on peut dire qu’il gère des dossiers capitaux pour l’avenir de Grenoble et ses environs.
L’Association pour le Développement des Transports en Communs de Grenoble a attiré l’attention de ses membres sur une interview de Monsieur Baïetto, dans le journal de référence de l’agglomération Grenobloise : j’ai nommé l’irrévérencieux hebdomadaire d’investigation Grenews (oui, c’est de l’humour…).
Je vous en livre deux extraits :
- S’ils ne sont pas des imbéciles, et s’il y a un changement dans le rapport à la voiture, les écologistes, qui ne veulent pas entendre parler de la rocade Nord, n’ont-ils pas, pour le coup, raison avant les autres ?
La réalité, c’est que depuis 50 ans, on a construit la ville sur la voiture, qu’on l’a étendue avec les autoroutes… La réalité, c’est que la ville ne vit qu’à travers des déplacements individuels. La ville-village de la marche à pied, du vélo, c’est terminé. Aujourd’hui, on vient de Beaurepaire pour travailler à Grenoble tous les jours, on est sur des niveaux de déplacements qui ne peuvent pas trouver une réponse dans le transport public. C’est un fait: le transport public a ses limites. Un tramway, on commence à en parler intelligemment à 35 000 usagers par jour. Il commence à s’équilibrer économiquement à 50 000. Il couvre tous ses frais à 80 000. En-dessous, c’est du luxe ! Le bus a aussi sa limite de pertinence. Faire rouler un bus de 100 places pour transporter dix personnes…
- Pourquoi pas un Vélib’ à Grenoble ?
Si on a de l’argent à mettre dans du vélo, il faut le mettre en prolongation des systèmes de transport que nous avons. Je crois dix fois plus à l’efficacité d’un parc vélos le long des arrêts du tram sur le campus, pour prendre un exemple, que dans le centre-ville où on a du transport à tous les coins de rue.
De notre côté, nous sommes à Sucre, où les Boliviens klaxonnent à tout bout de champs pour avancer de 10 mètres toutes les 5 minutes…
Plus ça va, et plus on se dit que la voiture en ville est une ineptie : on se remémore Londres, où le centre est payant pour les véhicules individuels ; on discute avec Ramon de Barcelone, où il y a un projet de voie d’entrée dans la ville réservée au co-voiturage ; on repense à cet article sur l’écoquartier de Fribourg…
Bref, on rêve de projets courageux et porteurs de progrès, et on se dit que notre ville est une terre d’élection pour ça. Cette interview, c’est un peu la douche froide…
L’intégralité de l’interview sur le site de Grenews.
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NB : petite note positive, la Fédération des Usagers de la Bicyclette a décerné le Guidon d’or 2009 à la ville de Grenoble, saluant ainsi l’ouverture de 10km de « double-sens cyclables » dans les rues à sens unique du centre ville 🙂
Et que faire de ceux qui souhaitent habiter en dehors de la ville? Leur dire que dorénavant, ce n’est plus possible?
Pas bête tiens: comme ça ils iront travailler dans une autre ville, type Lyon, leur permettant de vivre à leur convenance. Emmenenant peut-etre dans leurs bagages quelques entreprises…
Et si, une rocade nord, ça augmentait le dynamisme économique de Grenoble, tout en diminuant le flux de voitures sur les routes accessibles aux vélo?
Et si, une collectivité, ça avait besoin de réaliser des projets économiquement viables pour éviter de faire exploser les impôts locaux?
On pourra toujours me répondre que l’offre créait la demande: d’accord, et s’ils n’ont pas pris en compte ce phénomène alors ils peuvent retourner sur les bancs de l’école.
Et si la voiture restait une réelle alternative? Si la solution était dans la voiture non polluante, qui coûte bien plus cher par usager, et qui du coup permet de partager plus de travail?
Chacun sa vision du travail: Mais du travail dans l’industrie, c’est de l’innovation et des impôts qui rentrent pour faire tourner tout le système (santé, infrastructures…)
Quand à dire que la voiture électrique n’est qu’un rêve: ce n’est pas un rêve mais une nécessité car lorsque les chinois auront leur voiture, il nous faudra quelques 3 terres pour remplir leurs réservoirs.
Les transports en commun sont une nécessité, mais peut-être admettent-ils eux aussi, comme l’utilisation de la voiture, des limites…
–>Et si tout compte fait, les politiques n’était pas des gens si cons que cela?
Aie la je me casse je vais m’en prendre une :-p
Simon, qui préfèrent aller directement sauter par la fenêtre après avoir osé affronter ouvertement des Grenoblois 🙂
Allez, juste un ptit mot quand meme:
Ce qui manque dans tout ca, c’est la multimodalité (ouille aie aie, le gros mot…). et dans l’interview de Baietto aussi d’ailleurs.
Multimodalité, ca veut dire prendre sa voiture quand t’as pas le choix (descendre de la montagne pour nous autres isérois), puis transports en commun pour aller sur les lieux de travail et en ville.
La rocade nord, c’est justement le contraire de la multimodalité (et les arguments non avancés par Baietto ne changent rien: j’aime bien les gens qui ont des convictions, mais il faut les expliquer, ce qui n’est pas le cas ici). On donne la possibilité (et les gens vont la saisir) de traverser les zones de blocage actuel AVEC la voiture, alors qu’on devrait, dans la mesure du possible, pousser a le faire SANS. Si j’habite Baurepaire (exemple de Baietto), et que je bosse a Crolles, on devrait m’encourager a me rendre a St Egreve / Le Fontanil / la gare la plus proche (choisir la bonne reponse), pour attraper un train, puis ptet un tram jusqu’a Crolles, ou la navette express… Mais ca, ca veut dire plein de choses: cadencement, renforcement des frequences, developpement des correspondances, ouverture de ligne, (des-)incitation financieres (peages urbains, tarifs preférentiels TC…). C’est bcp de travail, bcp d’investissement, bcp d’entretien, alors que la solution d’une rocade payante a l’avantage d’avoir une gestion (financiere comprise) partagée avec un opérateur privé…
Personne ne reproche aux gens de prendre la voiture jusqu’au train pour le prendre ensuite pour bosser: au contraire, j’applaudis des 2 mains (je n’en ai pas plus!!).
On remarquera que dans ce qui precede, je ne parle pas de velo: il ne s’agit donc pas d’une problematique de grenoblo-grenoblois, mais bien à l’echelle du département.
Et puis, sur un sujet annexe, le probleme de la rocade nord, est l’utilisation fallacieuse des données des enquetes: 1- le referendu canulard du CG sur les TC et rocade nord: chaque personne qui ne voulait pas des bouchons dans la region (qui en veut?) pouvait etre classée dans les pro rocade… Grotesque. 2- les enquetes préalables aux etudes se basent sur des chiffres de cout d’un peage (entre autres) qui ont été des le début des reunions publiques dénoncés par le CG: donc les conclusions sont necessairement faussent, mais malgré tout reprise par le CG. Au dela de la prouesse de tribun de se faire toutes ces reunions publiques, les reponses apportées sont pour partie assez frauduleuses, et tres peu convainquantes.
Allez, et pis j’arrete apres, Baietto, le boss de Gre: oui, j’y crois.
Baietto, coherent comme il le dit sur sa demarche politique, moins sur: on a recu une lettre en avril de Baietto, president du centre de gestion de la fonction publique territoriale de l’isere 🙂
PS: Bob, tu veux mettre le feu a ton blog en parlant de ca de l’autre bout du monde?? on est des gens sensibles ici!!!
Bon, moi j’avais proposé d’interdire les voitures individuelles en ville et de faire des parkings dignes de ce nom en périphérie et en ville de n’autoriser que les vélos et les velov ou vélib comme on veut et des voitures électriques (faut quand même pas oublier les vieux les handicapés et le flemmards) et d’améliorer les transports en commun, mais je crois que le maire de Paris a pris mon idée à son compte. Quant à moi quand ma voiture me lachera je la remplacerai par ûn âne, car monter mes courses (sans compter les parpaings) toutes les semaines (400M à monter et 20 épingles à cheveux) en vélo un peu dur quand même.
Au passage je remarque que le beau-frère de mon neveu par alliance est super intelligent, bisous à toutes et tous.
@Simon : avec un peu de retard, voici quelques précisions.
Je ne dis pas que plus personne ne doit habiter en dehors de la ville, mais qu’il faut créer la possibilité d’entrer en ville autrement. C’est une question de santé publique, et ça peut par ailleurs être source d’activité économique (au hasard, Vélib’).
Construire plus de routes pour fluidifier la circulation ne fait qu’augmenter le nombre de voitures en transit. Evidemment, les projets de multimodalité ne doivent pas être des gouffres à finance public. Mais le centre-ville de Londres payant, est-ce un gouffre financier ?
Comme qui dirait : ce n’est pas en finançant la recherche sur la bougie qu’on a inventé l’électricité. Il faut évidemment gérer la situation actuelle, mais il faut aussi trouver des solutions alternatives. C’est de toute façon une question de santé publique urgente : combien d’adolscents au lycée climatique de Villard de Lans à cause des allergies et l’asthme engendrés ou favorisés par la pollution urbaine. Je ne pense pas qu’eux aient envie d’attendre 15 ans que le parc de véhicules électriques ai atteint une taille significative.
C’est aussi une question démographique : la ville ne pourra pas accueillir advitam eternam le nombre sans cesse croissant de véhicules individuels, fussent-ils électriques.
Encore une fois, Vélib ou le succès de l’écoquartier de Fribourg prouvent que l’écologie n’est pas un luxe, elle peut devenir une réalité économique. Nos députés ont d’ailleurs voté toute une batterie de lois sur le sujet récemment, c’est révélateur.
Enfin, une précision : je n’ai jamais sous-entendu et encore moins dit que les hommes politiques étaient des cons. Même si je ne suis pas d’accord avec M. Baïetto, je ne me le permettrai pas. Je n’irais pas voter à chaque élection si je le pensais.
@Seb Merci pour cette pondération comme toujours très rationnelle.
Au passage, je pense que le président des transports en commun de l’agglo ne peut pas déclarer que « la ville ne vit qu’à travers des déplacements individuels » et qu’on ne va pas changer cette réalité (ça peut être un point de vue politique auprès du CG ou de la Métro, c’est autre chose). En carricaturant, c’est à la limite du conflit d’intérêts 🙂
@Françoise : Grenoble a mis en place un système de parking relais aux portes de la ville : pour le prix (modique) du stationnement à la journée, tous les occupants de la voitures béneficient d’un billet aller-retour en bus et tram.
Mais il faut bien avouer que c’est un échec. Du côté de Meylan, le gigantesque terre-plein ne compte pas plus de 10 voitures chaque matin…
De mon point de vue, on ne peut pas s’appuyer sur la bonne volonté collective, et de toute façon les associations travaillent déjà là-dessus. Le travail des politiques, c’est de prendre des mesures contraignantes qui vont dans le sens de l’intérêt public. Et je crois que l’interdiction de la voiture en ville, notamment, en fait partie.