Oui, je sais, imprononçable. Nous-mêmes, après 5 jours passés à son pied, on a encore du mal 🙂
Mais avant celui-ci, on a gravit l’Ishinca, 5500m, le lendemain même de notre arrivée au camp de base. Levés à 2h, départ à 3h du matin. Mais il faut dire que nous n’étions pas bien fatigués : la veille, quatre heures pour rallier le camp de base, en gambadant avec un sac ridicule pendant que deux mules portaient notre matos et celui de Carlos, notre guide. De la rigolade après le tour de Huayhuash !
Traversée andine
L’Ishinca, donc. Presque 3h de marche d’approche nocturne, en évitant les vaches qui dorment sur le chemin. A 6h, on prend pied sur le glacier avec les premières lueurs du jour. Ça attaque très raide, mais c’est pour la bonne cause : on rejoint rapidement une arête où nous réchauffe le soleil levant, très appréciable à 5000m d’altitude. Puis on serpente sur cette arête, pour éviter une crevasse ou contourner un sérac. Une dernière pente assez raide et très jolie, et c’est le sommet, exigu.
L’avantage de l’Ishinca, c’est qu’on peut le faire en traversée. On rentre donc au camp de base par un autre chemin, ce qui, à défaut d’épargner nos genoux, casse la monotonie de la descente. On passe l’après-midi à glander dans l’herbe ensoleillée devant la tente.
Le troisième jour est moins drôle: chargés comme des mules (c’est la cas de le dire, puisqu’on porte maintenant tout ce qu’elles avaient sur le dos…), on monte au « campo moreno », le camp avancé du Tocclaraju. 700m de dénivelé sur un chemin en zig-zags tellement serrés qu’il ressemble à une fermeture éclair.
Songe de marche sur glacier
On dort fait passer le temps de 18h à minuit : on est à 5000, le sommeil ne coule pas de source. A 1h30, on traîne péniblement nos crampons sur le glacier, la tête enfarinée.On a 1000m de dénivelé pour rejoindre le sommet. Les sections s’enchaînent, toutes différentes : simple marche, ou progression de face courbé en deux sur les piolets, voire traversées dans des pentes très raides, où il faut sortir les gogo-gadget-chevilles pour faire mordre toutes les pointes…
Encordés (éloignés) à 10 mètres, on n’échange qu’aux pauses. On vit dans le halo de notre lampe frontale, à chaque pas un peu plus hébétés par l’altitude.
Enfin, le soleil nous sort de notre torpeur. Le vent aussi, qui souffle dru sur l’arête où l’on débouche. Et ça tombe bien, parce que voilà la cerise sur le gateau à la crème qu’on escalade depuis maintenant 5 heures : une goulotte de 30m pour accéder au plateau sommital.
Carlos expédie ça en 10 minutes. Il faut dire qu’il ne perd pas de temps à poser des protections, puisque c’est impossible. On passe avec nettement moins de classe. Il faut dire que grimper en technique cascade de glace (sur les pointes avant, tout dans les mollets, en se hissant sur les piolets tractions) à 6000m d’altitude, ça ne rend pas comme dans les magazines…
« Cumbre ! »
Sur le plateau sommital, il reste quelques petites difficultés. Le vent se renforce encore, on se refroidit un peu plus, et on titube comme des pingouins à cause de l’altitude. Si bien que quand la pente se couche, puis commence à descendre de l’autre côté (le sommet, quoi…), on en a presque les larmes aux yeux. Il est huit heures du matin, on s’est battu pendant 6 heures et demi. 6032m ! L’air est cristallin, et on a l’impression de voir à 360 degrés à travers un objectif ultra grand-angle. On est seuls au sommet, mais on ne s’y attarde pas : on a même du mal à sourire pour les photos.
Je vous épargne la longue redescente jusqu’au camp avancé, le démontage, puis les lacets qui plongent jusqu’au camp de base avec le sac qui tire sur les épaules.
Ce qu’il nous reste de cette ascension ? Évidemment la fierté d’être montés à 6000 (la deuxième fois pour Marie). Mais ce n’est après tout qu’un chiffre qui fait bien dans les dîners en ville. Surtout, mis à part l’altitude, c’est le plus beau sommet sur lequel on soit monté : un parcours technique et varié, tout ce que j’aime en montagne. Et enfin, 5 jours partagés avec Carlos, un jeune guide prometteur de Huaraz, la personne la plus éveillée qu’il nous ai été donné de rencontrer au Pérou.
Pour être honnêtes, on a eu beaucoup de chance avec la météo (nous sommes montés le seul jour de la semaine où ça passait), et on en a bien bavé. On arête donc là avec les montagnes péruviennes, on en a encore plein à gravir dans notre jardin. On prend donc maintenant le bus pour la frontière equatorienne, où on va passer le mois d’août, de nouveau sur nos vélos.
Infos pratiques
Nous avons réalisé cette petite expédition grâce à MountClimb, à Huaraz. Très professionnels, logistique légère, discrète et sans faille. Matos technique et en bon états. Guides très compétents, certifiés UIAGM. Nous les recommandons chaudement.
Voir toutes les photos de l’Ishinca et du Tocclaraju.
Grandiose, félications pour la ténacité, surtout Maribambel si j’ai bien compris.
Boris: merci pour l’écriture, on s’y croirait par le reve!
Bravo pour ce nouveau sommet à votre actif!
Bravo pour ce nouvel exploit, mais… qu’aviez vous fait de vos vélos?
Bonne continuation.
-vous avez fait quoi pendant six mois chez les gringos?
– on a fait du chiffres pour faire bien dans les diners en villes.
– c’est tout ?
– ben ouais.
Ce gavaaaaaaaaage !!!!
bravo pour l’exploit! et aussi pour le texte qui nous emmène au sommet sans le froid, ni les sacs à dos, ni les difficultés techniques, en touristes, quoi.Bonne chance pour la suite.
des vacances en bonnet en en doudoune !! est ce encore des vacances? bravo pour les photos, bravo pour l’ascension mais je ne vous envie pas.
@momo: avec des sacs lourds, c’est déjà pas facile, mais alors en poussant leurs vélos à sacoche, c’est encore moins évident. C’est une première sur ce sommet d’ailleurs. Bravo aux deux gringos.
En france, vous appellez çà « les conquérants de l’inutile » je crois? comme si l’ascension n’était pas assez difficile, ils ont ajouté cette difficulté. encore bravo.
Ah que c’est beau. Mais comme l’a remarqué Blandine (hors blog), il y a une photo qui donne le frisson quand on voit où passe la corde:

Bon, c’est pas tout, les jeunes, il va falloir reprendre l’entrainement en vélo, si vous voulez fourguer votre vieille Ford au retour, et empocher la prime à la casse:
http://picasaweb.google.fr/jdenel/AttentionLesVelos?authkey=Gv1sRgCP2v_83j2ryNwwE#5361701018886111778
Bravo pour ce bel exploit, vous l’avez bien mérité ce sommet ! Heureusement, vous allez maintenant pouvoir vous « reposer » sur vos vélos 🙂 A vous l’Equateur donc ! bisous.
Nath & Greg
yeah !
toujours plus haut, plus loin des yeux …. merci de nous faire partager toutes vos expériences avec autant de simplicité … savoir rester humble voilà ce que la montagne attend des passionnés … vous avez rejoint ce cercle intimiste sans passer par la grande école … félicitations
@ mamanours: ah oui, il en fallait de la tenacité! Jamais autant … de ma vie !
@ momo: les vélos on les avait laissés dans le garage de l hotel, ils ont un peu pris la poussiere ! C est dingue dans ce type de pays tout le monde est toujours tres arrangeant, pour mettre les vélos dans les bus, les garages, les hotels…
On se prépare maintenant pour l équateur, peut être un peu de côte de plage, cette fois !
Whaaaooww!!
j’avais vu les photos, mais avec le récit, c’est encore mieux. Et ça nous motive avant le départ pour le Ladakh. Nous sommes à J-5, en plein préparatifs (j’ai reçu le caisson hyperbar et le tel satellite…ouf).
Bonne continuation sur l’Equateur et vivement qu’on se retrouve 🙂
15 jours sans rien de neuf sur loindesyeux?
On fatigue?
On attend avec impatience les photos de l’Equateur et des vilaines bébêtes de la jungle!
Marie, bien reçu ton mail du 7 Août, merci…
Alors, on attend des nouvelles de les quatre heures…
COUCOU
ICI CANICULE
BONNE FETE MARIE
BISES
DELPHINE
¡sɐq uǝ ǝʇêʇ ɐl ǝɹʇʇǝɯ zǝʌǝp snoʌ ‘ǝɹıl ɹnod ıs ıoɯ sǝʇıp ‘ɹıoʌɐs ǝl ɹnod ¿éƃuɐɥɔ snoʌ zǝʌɐ no ‘ǝɹèɥdsıɯéɥ ǝɹʇou suɐp sɹnoɾnoʇ snoʌ sǝʇê ‘snoʌ sǝʇê no ‘sɹolɐ
¡oɯoɯ à ɯ un ʇıɐnbuɐɯ lı ‘ǝʇıʌ doɹʇ ıʇɹɐd ʇsǝ ɯou uoɯ
@Momo : non, nous n’avons pas été voir la ligne de l’Equateur, au nord de Quito. Nous n’avons donc pas vu le changement de sens dans les écritures ni celui dans le tourbillon des toilettes 😀
Ben ouais pendant que nous on disait au revoir à votre locataire, le dénommé Miguel, vous, vous visitiez cet espace ténu coincé entre ciel et terre que d’aucuns nomment « sommet » et qui signifie « le plus élevé ».
Alors quoi ! Avez-vous eu l’espace d’un instant l’impression de faire partie de ces êtres les plus élevés qui soient ??
Signé : des êtres au ras du sol
@Steph et Nono “l’impression de faire partie de ces êtres les plus élevés qui soient” Tout a fait, et nous ne serons jamais plus comme avant, nous sommes desormais “superieurs” 😎