Mercredi 02 décembre, j’étais invité avec une dizaine de blogueurs à une rencontre informelle avec Jean-Louis Borloo, au Ministère de l’écologie. Avant la conférence de Copenhague sur le climat, c’était l’occasion pour lui d’infuser quelques blogs avec son message.
Il semblerait qu’il ai déjà mené plusieurs fois ce genre d’opération, lors du Grenelle de l’environnement notamment. Les blogueurs invités se sentent flattés et parlent de l’événement à leur réseau ; le ministère s’assure ainsi un minimum de retour social sur investissement…
[Ça c’était le paragraphe pour dire que je ne suis pas dupe ;-)]
J’ai été invité notamment suite à ce coup de gueule. Je ne suis pas un blogueur environnementaliste, et les autres invités connaissaient bien mieux la partition que moi. J’avais néanmoins préparé quelques sujets à creuser, autour de la responsabilisation des individus et du poids de l’opinion publique dans l’application des engagements pris à Copenhague.
Bon, je n’ai pu poser qu’une question (sur la montée des thèses climato-septiques), mais mes autres interrogations ne sont pas restées sans réponse, et je tâcherai de revenir sur ces sujets ici après Copenhague.
On m’avait dit que rencontrer Jean-Louis Borloo, ça valait le coup : c’est un ministre qui a eu « le déclic » écologique. Et effectivement, ce n’est pas un ministre de gestion. Le sujet lui prend les tripes : on le sent tour à tour fier du travail déjà accompli et enthousiaste pour la suite, puis fatigué et angoissé, et enfin optimiste, voire lyrique…
L’optimisme, c’est donc le message qu’il a donc voulu faire passer ce 02 décembre, à l’entame de Copenhague :
Au-delà des chiffres, que les engagements soient ambitieux ou modestes, le vrai succès de Copenhague sera que tout le monde soit d’accord pour avancer ensemble dans le même sens. Copenhague aura des ratés et des imperfections. Mais si ça ne se transforme pas en acte d’accusation mutuelle, on va changer de monde, on va entrer dans le monde de la mesure.
Alors pourquoi y aurait-il risque d’échec ?
Je crois au fond de moi que chacun est parfaitement conscient et responsable. Les dirigeants sont convaincus, mais il y a souvent un point de blocage, un point de bascule au niveau national qui les empêche de faire le pas : « non, je ne peux pas faire ça » (à mon industrie automobile, à mon agriculture, etc.)
Derrière moi, quelqu’un demande comment l’opinion publique peut encourager les négociations de Copenhague. Jean-Louis Borloo réfléchit un moment et répond :
En faisant de l’enjeu quelque chose d’heureux. L’économie verte est porteuse de bonheur, de progrès.
Et pour répondre à ceux qui s’inquiètent de la mobilisation de l’opinion publique en France lorsqu’il s’agira de respecter les engagements pris à Copenhague :
On a moins un problème de prise de conscience que de recherche de solutions : comment je m’y prends ? (pour limiter les émissions de mon logement, transformer mon entreprise, faire changer mes concitoyens…)
Le Monde nous apprend d’ailleurs ce soir que « très majoritairement, Français (88 %), Polonais (87 %), Italiens (85 %), Japonais (81 %) et Américains (80 %) sont prêts à modifier leur mode de vie et à limiter leur consommation en faveur de l’environnement » (source).
Mouais… je suis très septique là-dessus. Rappelons-nous la levée de boucliers lors du débat sur la taxe carbone. Allez promis, on reparle de ces sujets après Copenhague (pour rappel, la conférence a lieu du 7 au 18 décembre).
Je mets ci-dessous un extrait vidéo de l’échange trouvé chez Denis Delbecq, qui était présent.
Intéressant.
Bob, tu viens de rentrer dans le cercle très fermé des blogueurs supposés influents en terme de développement durable. Félicitations!
Et par là même, ton instrumentalisation a commencé! 😉
Sur le fond, pas grand chose à redire, on a tous des attentes du sommet de Copenhague, et on espère tous qu’elles ne seront pas déçues.
Et puis, aller… je ne résiste pas à l’envie de mettre Borloo, écologiste « pris aux tripes », face à ses contradictions:
http://u.nu/79v54
J’aime bien le « on » m’a dit d’y aller.
Pour un témoignage d’une personne a qui on ne peut pas prêter la moindre connivence avec le pouvoir en place: Laure Nouahlat, journaliste de libé
http://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2009/11/pourquoi-l%C3%A9cologie-fait-mal.html
Ce qui est intéressant avec Borloo, même avec ses contradictions (que nous avons tous, au passage) – c’est qu’il a compris le péril (ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’hommes et femmes politiques). Mais il faut qu’il fasse bcp plus (comme nous tous, au passage).
J’en ai entendu une bien bonne sur Borloo, qui aurait déclaré sur le Grenelle de l’environnement: « les bouteilles vides, dans le conteneur des recyclables,les bouteilles pleines… dans mon bureau! »
Punaise Bob!
« invité au ministère… » alors là, je suis admiratif et en même temps ça me fait sourire.
Bon on en recause dans la vrai vie ;D
@+
Sylvain
Opération de com’ ou pas, force est de constater qu’Internet permet de redescendre les débats politique vers nous.